Cela fait plusieurs années que j’ai envie d’écrire un livre relatant les anecdotes, les souvenirs de toutes ces années où golf et voyages ont guidé mon parcours de vie. Depuis septembre 2016, je m’y suis mis sérieusement avec la complicité et le concours de mon fidèle ami, Claud Granveaud-Vallat.
En ce début de printemps 2017, je suis parvenu au début de l’année 2009, après 170 pages ; aujourd’hui je suis un peu “en panne” et j’attend avec impatience quelques prochains jours de repérage aux île Fidji pour reprendre mes notes et le “clavier” (hélas …) pour finir l’histoire en 2015 au Japon.
Idéalement, je rêverais d’auto-éditer ce livre pour l’été 2017 ; et même si l’intérêt n’en est que limité, j’aurais la satisfaction d’avoir été au bout de ce long projet, dont je suis heureux de vous livrer les premières pages !
* Evidemment, j’adorerais recevoir quelques encouragements pour poursuivre ce travail et partager cette intimité de mon parcours sur les parcours, à cause (ou grâce ?) à ce golf qui s’est imposé à moi plus que je ne l’ai choisi !
Donnery. Premier cours collectif. Jeudi 14 novembre 1968.
« Pilou, Pilou, viens vite ! », hurle mon père, dans la cours du Château de la Touche…
Il est quatorze heures et il m’appelle pour ma première leçon de golf ; le temps est brumeux, le froid commence à se faire sentir et les bonnes odeurs de l’automne distillent un agréable mélange d’effluves de terre humide, de champignons, d’herbe mouillée.
Fidèle à son habitude paternelle, Claude me met au golf après m’avoir fait subir la pêche à la mouche, l’équitation mais aussi la mythologie wagnérienne et les trains électriques…
Cette fois-ci, après la stupide tenue bavaroise destinée à la pêche à la mouche, c’est une pure panoplie de golfeur qui m’est attribuée pour cette découverte forcée qui va s’imposer tout au long de ma vie…
Au risque de choquer, je l’avoue, je n’ai jamais choisi le golf, il s’est imposé à moi.
En cette fraîche après-midi d’automne, mon velours à pattes d’éléphant masque presque la totalité de mes chaussures à clous en caoutchouc et ce pull Irlandais tricoté par ma mère me donne des airs de berger du Larzac ; avec mes quatre clubs dans un petit sac boudin marron est blanc, j’ai le total look !
A Donnery, il n’y avait pas de véritable practice, mais nous sommes une dizaine à rejoindre les rangs de l’école de golf animée par l’élégant Jean-Pierre Quibeuf.
Je me souviens de sa barbe parfaitement taillée, de son allure élancée, de son énorme sac Slazenger rouge et blanc… Quelle allure il avait !
Jean-Pierre de sa voix douce et néanmoins ferme, nous dispense les traditionnels enseignements de l’époque (bras gauche tendu, on ne lève pas la tête, on arme les poignets…) et nous tapons nos premières balles dans le filet…
De suite j’attrape la balle, de suite j’ai une bonne vitesse de bras et quelques semaines plus tard je me prends de passion pour mon bois 3 plus que pour le putter…
Des années plus tard, je repense aux conséquences de cette première leçon sur la vie des « élèves » de l’époque…
Charles est aujourd’hui directeur du golf de Monte-Carlo après avoir été pro, Philippe a été pro, Christian a joué à un chiffre, Jean-Martin est devenu ingénieur après avoir eu envie de poursuivre dans le golf… Et moi, qui n’ai jamais été assez passionné par le jeu, j’ai parcouru le monde grâce au golf…
Mais à cette époque je suis assidu, je montre quelques facultés pour le golf et le petit garçon solitaire de huit ans que je suis tape des centaines de balles, joue jusqu’à 36 trous par jour dès la belle saison… A tel point que Mimine – ma grand-mère – vient interrompre mes efforts alors que tombe la nuit !
Donnery. Coupe du Val de Loire. Dimanche 21 juillet 1969
Plusieurs mois après l’apprentissage dans le filet et mon premier parcours sous les frimas de février, (je me souviens avoir réalisé le trou n°1, ce Par 5 rectiligne de 440 mètres, en 17 coups), je participe à ma première compétition.
Je pars des boules rouges, il fait beau et chaud, le parcours est sec ce qui m’avantage… Je joue avec mes premières partenaires, Madame Werlé et cette chère Valentine Pierson, une vraie demoiselle de soixante-dix-sept ans qui se prend d’affection pour moi et m’encourage.
Le swing de hockeyeuse de Valentine est efficace, ses balles son rectilignes, basses et roulent vers les petits greens des 9 trous historiques de Donnery.
Mon jeu se met en place, mon petit bois 3 propulse la balle à plus de 150 mètres et je conclus chaque trou par un bogey ou un double… Une régularité exemplaire pour le petit bonhomme de huit ans et demi qui signe sa première carte en 48 coups.
Je me classe 24 et gagne cette petite coupe en argent que je conserve précieusement depuis toutes ces années.
Semaine après semaine, je progresse, je me prends au jeu et ne vis pas comme un enfant de mon âge… Je suis sérieux, je ne souris pas beaucoup, je m’isole sur le golf, je rêve devant les sacs, les chariots, les clubs qui animent les catalogues, je me délecte à l’idée de m’offrir ces magnifiques balles enveloppées individuellement de papier sulfurisé, comme des bonbons…
A cette période, je dois faire en moyenne 27 trous par jour, je tape plusieurs sceaux de balles à la suite, je prends des leçons particulières avec Jean-Pierre Quibeuf qui me forme, me donne envie de taper fort…
A cette époque, au début des années 70, à l’école cela ne se fait pas d’avouer jouer au golf et l’association « sport de vieux, sport de riche » est plus que jamais d’actualité…
En prenant en compte mon environnement familial (mes parents divorcés) et le fait que je sois protestant dans une école catholique, j’ai le sentiment de cumuler les tares…
Ce sentiment de « différence » va perdurer longtemps et à aucun moment de ma vie je ne me suis senti dans le moule…
J’ai toujours eu besoin d’être rassuré par la réussite de mes projets, par la beauté de mes conquêtes féminines, par la sensation de posséder, de vivre autrement, d’avoir une vie qui fait envie.
Serait-ce la revanche d’une enfance mal vécue ?
Phiphi merci pour ce premier extrait j’adore déjà l’histoire du petit garçon introverti et meurt d’envie de lire la suite des événements.
Bravo c’est authentique
À très vite. ..
Merci Laeti ! je vais progresser sur la suite …encore 5 années avec les souvenirs de Hawaii 2009 !